Kusamono et plantes d’accompagnement : sublimer la mise en scène de votre bonsaï avec des compositions végétales harmonieuses

Kusamono et plantes d’accompagnement : sublimer la mise en scène de votre bonsaï avec des compositions végétales harmonieuses

Kusamono et plantes d’accompagnement : comprendre leur rôle dans la mise en scène du bonsaï

Dans l’art du bonsaï, la mise en scène est presque aussi importante que l’arbre lui-même. La manière de présenter un bonsaï influence directement la perception de son âge, de son caractère et du paysage qu’il évoque. C’est là qu’entrent en jeu le kusamono et les plantes d’accompagnement, appelées aussi shitakusa. Ces compositions végétales, souvent discrètes, permettent de créer une atmosphère, d’équilibrer une présentation et de suggérer une saison ou un biotope naturel.

Longtemps réservées aux expositions japonaises ou aux amateurs avancés, ces compositions deviennent aujourd’hui un sujet d’intérêt majeur pour les passionnés de bonsaï en France. Bien maîtrisées, elles subliment un arbre sans lui voler la vedette. Mal choisies, elles peuvent au contraire rompre l’harmonie générale. D’où l’importance de connaître les bonnes pratiques, les plantes adaptées et les usages traditionnels issus des écoles japonaises et de leur adaptation au climat français.

Différence entre kusamono et plantes d’accompagnement (shitakusa)

On confond souvent les termes kusamono et plantes d’accompagnement. Pourtant, dans la culture japonaise du bonsaï, leur fonction n’est pas exactement la même.

Le kusamono est une composition végétale autonome. Il s’agit d’un assemblage de graminées, mousses, petites vivaces ou plantes sauvages cultivées dans un pot, un suiban ou un contenant peu profond. Le kusamono est pensé comme une « miniature de paysage » à part entière. Il peut être exposé seul, sans bonsaï, notamment dans un tokonoma ou lors d’expositions spécialisées. On y recherche une expression forte de la saison, un équilibre de formes et de volumes, ainsi qu’une relation subtile entre le contenant et la plante.

Les plantes d’accompagnement, ou shitakusa, ont un rôle différent. Elles sont destinées à accompagner un bonsaï dans une présentation complète. Leur fonction est de :

  • suggérer la saison (printemps, été, automne, hiver) ;
  • renforcer le thème du paysage évoqué par le bonsaï ;
  • équilibrer visuellement la composition sur la table d’exposition ;
  • guider le regard du spectateur vers l’arbre principal.

Un kusamono peut parfois être utilisé comme plante d’accompagnement, mais dans ce cas il doit rester discret et de taille modeste, afin de ne pas dominer la mise en scène. L’arbre reste le protagoniste, le kusamono ou la plante d’accompagnement n’est que le partenaire silencieux qui enrichit l’histoire.

Principes esthétiques pour harmoniser kusamono, plantes d’accompagnement et bonsaï

La réussite d’une présentation repose sur des règles esthétiques simples mais exigeantes. Dans les écoles japonaises traditionnelles, la relation entre le bonsaï, la plante d’accompagnement et le support (tablette, jiita, kakemono, fond neutre) est soigneusement réfléchie.

Voici les grands principes à respecter pour une mise en scène harmonieuse :

  • Hiérarchie visuelle : le bonsaï est toujours l’élément principal. La taille, la hauteur et le volume de la plante d’accompagnement doivent être nettement inférieurs.
  • Équilibre des masses : on recherche un équilibre entre la masse de l’arbre et celle de la composition végétale, sans symétrie parfaite. L’implantation crée une tension visuelle agréable.
  • Direction et mouvement : si le bonsaï « regarde » ou penche vers la droite, la plante d’accompagnement sera généralement placée à gauche, légèrement en retrait, comme pour recevoir ce regard.
  • Harmonie des couleurs : les teintes des plantes d’accompagnement (verts, fleurs, feuillages) ne doivent pas entrer en compétition avec le feuillage ou la floraison du bonsaï. On privilégie la sobriété.
  • Expression de la saison : en été, on choisit des espèces fraîches et légères ; en automne, des plantes aux teintes chaudes ou fructifiées ; en hiver, des formes plus graphiques, dépouillées.
  • Respect de l’échelle : les plantes utilisées doivent paraître « naturelles » à l’échelle du bonsaï. Une graminée trop grande peut donner l’impression d’un déséquilibre de proportions.

L’objectif est de raconter une histoire cohérente. Par exemple, un pin blanc japonais en style lettré pourra être accompagné d’un petit kusamono évoquant une lande de montagne, avec une mousse dense et quelques graminées fines, pour suggérer un paysage d’altitude.

Choisir les plantes d’accompagnement adaptées au climat français

En France, le choix des espèces pour kusamono et plantes d’accompagnement doit tenir compte du climat local, de l’exposition et de la durée de l’exposition. Certaines plantes traditionnelles japonaises sont difficiles à cultiver en extérieur dans nos régions, ou nécessitent des conditions spécifiques.

On peut cependant composer des kusamono très esthétiques avec des espèces locales, rustiques, et faciles à trouver en pépinière ou en jardinerie spécialisée.

Parmi les plantes adaptées aux kusamono et plantes d’accompagnement en France, on retrouve :

  • des graminées décoratives miniatures (Carex, Festuca glauca, Ophiopogon nain) ;
  • des vivaces couvre-sol (Saxifraga, Ajuga reptans nain, Thymus serpyllum) ;
  • des petites fougères rustiques pour les ambiances d’ombre fraîche ;
  • des plantes alpines (Sedum, Sempervivum, Saxifrages alpines) pour des compositions rappelant les rocailles ;
  • des herbacées à floraison fine (Campanula carpatica naine, petites violettes, prunelles, anémones miniatures) ;
  • différentes mousses, récoltées avec modération dans le jardin ou en milieu naturel, et acclimatées dans des pots peu profonds.

Pour un usage en intérieur temporaire (salon, exposition, présentation de courte durée), certaines plantes moins rustiques peuvent être employées, à condition d’être remises ensuite en extérieur ou dans de bonnes conditions de culture. La clé reste la santé des plantes. Un kusamono en mauvais état nuit à l’ensemble de la présentation.

Créer un kusamono : étapes, substrat et contenant

La création d’un kusamono suit des principes proches de la culture du bonsaï, tout en restant plus libre. On y retrouve cependant des choix techniques essentiels : substrat, drainage, contenant, sélection des plantes et entretien.

Pour un kusamono adapté aux conditions françaises, on privilégie :

  • un substrat drainant, proche de celui utilisé pour les bonsaï : mélange d’akadama, de pouzzolane ou de pumice, éventuellement agrémenté d’un peu de terreau fin pour les plantes plus gourmandes ;
  • un contenant peu profond : coupelles, suiban, pots émaillés ou bruts, petits contenants en céramique artisanale. Le choix du pot participe fortement à l’esthétique ;
  • des trous de drainage suffisants pour éviter l’asphyxie des racines, notamment pour les graminées et les vivaces ;
  • une composition équilibrée : une plante principale dominante, entourée de plantes secondaires et de mousses, pour créer des niveaux de lecture.

Au moment de la plantation, il est recommandé de :

  • préparer chaque plante en démêlant légèrement les racines ;
  • positionner la plante principale de manière asymétrique, rarement au centre du contenant ;
  • ajouter progressivement les plantes secondaires pour combler les vides, sans surcharger ;
  • terminer par la pose de mousses, de graviers fins ou de petits éléments minéraux pour stabiliser la surface.

Cette approche permet de créer de véritables « paysages miniatures », dans lesquels chaque plante joue un rôle tout en restant harmonieuse avec l’ensemble. Le kusamono reste vivant et évolutif. Il gagne souvent en beauté au fil des saisons, à condition d’un entretien rigoureux.

Entretien des kusamono et plantes d’accompagnement en France

Entretenir un kusamono ou une plante d’accompagnement demande de l’observation. Ces compositions, souvent installées dans de petits contenants, se dessèchent rapidement et sont sensibles aux excès comme aux manques d’eau.

Quelques règles de base à respecter :

  • Arrosage régulier : en période chaude, un arrosage quotidien peut être nécessaire, surtout pour les graminées et les vivaces en coupelles peu profondes. L’eau doit bien s’écouler par les trous de drainage.
  • Exposition adaptée : on évite le plein soleil brûlant et les vents secs pour la majorité des kusamono. Une mi-ombre lumineuse est idéale dans de nombreuses régions françaises.
  • Fertilisation légère : un engrais organique doux, à faible dose, ou un engrais liquide très dilué, appliqué ponctuellement pendant la saison de croissance, suffit généralement.
  • Taille et nettoyage : on supprime les feuilles sèches, les fleurs fanées, et on contrôle la vigueur des plantes dominantes afin qu’elles ne prennent pas le dessus sur le reste de la composition.
  • Protection hivernale : selon les espèces utilisées, certains kusamono pourront rester à l’extérieur en hiver, d’autres devront être placés sous abri, en serre froide ou véranda non chauffée.

Dans le cadre d’une exposition de bonsaï, les kusamono et plantes d’accompagnement sont préparés plusieurs semaines à l’avance. On vérifie la densité de la mousse, la propreté du pot, la fraîcheur du feuillage et l’absence de ravageurs. Ce travail de préparation est essentiel pour présenter un ensemble cohérent et soigné.

Composer une présentation de bonsaï réussie avec plantes d’accompagnement

Pour sublimer un bonsaï lors d’une exposition ou à la maison, la mise en scène doit être pensée comme une composition globale. Le bonsaï, le kusamono, la tablette, le fond et éventuellement le kakemono forment un tout.

Quelques exemples de combinaisons harmonieuses :

  • Un pin sylvestre en style moyogi accompagné d’un petit kusamono de mousses et de sedums, dans une coupelle en grès, pour évoquer un versant rocheux de montagne.
  • Un érable palmé aux couleurs d’automne associé à une plante d’accompagnement à feuillage rougissant ou portant quelques fruits décoratifs, afin de renforcer l’idée de saison.
  • Un feuillu en floraison (pommier, prunus) accompagné d’une herbacée très discrète à floraison blanche ou pastel, pour ne pas rivaliser avec l’arbre principal.
  • Un bonsaï de style lettré mis en dialogue avec un kusamono très simple, composé d’une seule graminée fine dans un pot délicat, pour souligner la verticalité et la légèreté de l’arbre.

L’emplacement de la plante d’accompagnement sur la tablette ou la surface d’exposition reste capital. Elle est généralement positionnée légèrement en avant du bonsaï, du côté opposé à la direction principale de l’arbre. Cette disposition crée un dialogue visuel entre les deux éléments et guide le regard du spectateur.

Intégrer les kusamono et plantes d’accompagnement dans votre pratique du bonsaï

En France, l’intérêt croissant pour les kusamono et les plantes d’accompagnement reflète une volonté de se rapprocher de la présentation traditionnelle japonaise, mais aussi de développer une esthétique propre, inspirée de nos paysages. Les amateurs comme les professionnels peuvent y trouver un terrain de jeu créatif, à mi-chemin entre horticulture et mise en scène.

Pour progresser, il est utile de :

  • observer des expositions de bonsaï de haut niveau, en France et à l’étranger, afin de comprendre les codes de présentation ;
  • expérimenter avec des espèces locales, rustiques, et faciles à cultiver, avant d’intégrer des plantes plus délicates ;
  • collaborer avec des céramistes pour trouver des contenants adaptés, originaux mais sobres ;
  • adapter ses choix de plantes en fonction du climat de sa région et de ses possibilités d’hivernage.

Les kusamono et plantes d’accompagnement ne sont pas de simples accessoires décoratifs. Ils enrichissent profondément l’univers du bonsaï, en offrant une dimension paysagère et saisonnière plus subtile. Bien choisis, bien cultivés et mis en scène avec rigueur, ils permettent de sublimer chaque arbre et de transformer une présentation en véritable évocation de nature miniature.